À l’école du Giffre, petite école nichée entre les communes de Saint-Jeoire et Marignier, où se côtoient 36 élèves, la mémoire n’est pas un simple chapitre d’histoire. Elle est une présence, une flamme, un héritage transmis de génération en génération.

Construite sur un haut lieu de la Résistance, l’école du Giffre incarne un lien entre l’histoire nationale et le territoire local. Depuis des décennies, les élèves et les anciens élèves, aujourd’hui âgés de 4 à 91 ans, participent chaque année à la cérémonie du 1er avril 1944. « Sans eux, cette mémoire ne serait qu’un murmure. »

Mais l’école du Giffre, c’est bien plus qu’un établissement : c’est une grande famille. Une famille soudée autour de valeurs communes : le souvenir, la transmission, l’engagement. Parmi eux, Lilian, ancien élève, a récemment été décoré de la médaille de l’Ordre National du Mérite pour sa conduite héroïque lors de l’attaque au couteau au bord du lac d’Annecy. Son courage incarne ce que cette école s’efforce de transmettre au fil des ans : le sens du devoir, le refus de l’indifférence et la force du collectif.

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Ce samedi 5 avril 2025 s’est tenue la commémoration annuelle des événements tragiques du 1er avril 1944, lorsque des ouvriers furent arrêtés par la Wehrmacht. Henri Plantaz, résistant de l’usine du Giffre, chef de la Résistance du Môle, tenta de fuir en se jetant dans les eaux du Giffre sous une pluie de balles. Il fut abattu, tout comme René Dorioz, Joseph Baud et Angel Deïana. Sur les 43 otages, 12 furent relâchés, 31 déportés, et 12 ne revinrent jamais.

Durant l’année scolaire 2023-2024, les élèves ont retracé ces destins à travers un travail de recherche, de transmission orale, de visites (nécropole de Morette, Mémorial des Glières), et d’échanges avec les familles de résistants. Ce travail de mémoire a nourri leur conscience citoyenne. Ils ont appris que l’Histoire n’est pas figée, qu’elle s’écrit aussi dans l’émotion, le silence et l’engagement.

Ce projet éducatif engagé a été salué par l’attribution du label « Mission Libération », reconnaissance nationale d’un travail pédagogique profondément ancré dans le territoire et dans les valeurs républicaines.

La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreux élus, de représentants de l’Éducation nationale, d’associations d’anciens combattants, et de familles de résistants.

Tous ont souligné l’importance du rôle des enseignants et des élèves dans la préservation vivante de la mémoire.

Faire vivre la mémoire ne peut se limiter à une cérémonie : cela exige un engagement collectif, éducatif mais par dessous tout, humain.

 Mme MIFFON, directrice de l'école du Giffre