Par Maryse BOUGAIN-BRAND

Monument National de la Résistance
Source : brochure office du tourisme Thorens-Glières
Monument National de la Résistance
Source : brochure office du tourisme Thorens-Glières

« Et maintenant, le grand oiseau blanc de GILIOLI a planté ses serres ici. Avec son aile d’espoir, son aile amputée de combat, et entre elles son soleil levant... » Ainsi s’exprimait André MALRAUX dans les premiers jours de septembre 1973, lors de l’inauguration du monument.

En juillet 1972, le projet du sculpteur GILIOLI avait été retenu (parmi 74 autres) par un jury composé d’artistes contemporains et de spécialistes -tous de premier plan- ainsi que par des responsables de l’Association des Rescapés des Glières ; le président était Bernard DORIVAL (récemment disparu) alors conservateur en chef des Musées nationaux et spécialiste de l’Art contemporain. Outre ses qualités esthétiques, le projet semblait réalisable financièrement, même s’il fallut beaucoup de contributions généreuses pour aboutir, aussi bien de la part des maçons que de Gilioli lui même qui fit don de la sculpture qu’on peut voir à l’intérieur, car en effet, l’oeuvre est à la fois statue et crypte ; elle contient aussi une autre oeuvre, “ le voile de Véronique” en hommage aux populations locales qui ont soutenu les maquisards.

A juste titre, il est permis de dire qu’il s’agit là du “grand œuvre” de GILIOLI, aboutissement de longues années de recherches : beaucoup de ses œuvres antérieures l’annoncent et presque toutes ses oeuvres postérieures s’y réfèrent. On y trouve ainsi que l’a rappelé Michel RAGON “l’association de deux thèmes qui ont habité GILIOLI pendant 25 ans ... : l’aile, l’oblique - la boule, le disque”...

Et comme l’exprime lui-même GILIOLI “le mouvement vers le ciel est un signe de victoire. Le grand disque solaire dont le caractère de rayonnement serait souligné par le coffrage, est un symbole de liberté, l’autre mouvement dynamique est coupé comme une blessure que nous ressentons tous dans l’intérieur de nous-même”. On peut y voir aussi, concernant l’aile brisée, la bataille de Mars 1944, avec le sacrifice des Maquisards.

Commémoration d’un événement majeur de la Résistance, le monument a
aussi été voulu pour transmettre aux générations futures le sens d’une
aventure exemplaire : ainsi un peuple opprimé, occupé a retrouvé sa dignité symbolisée par la devise (empruntée à la Révolution) “Vivre libre ou mourir”.

N’est-ce pas là aussi comme l’a écrit GILIOLI “le mystère de la possibilité de l’impossible” ?

Maryse BOUGAIN-BRAND