L’ESPE de Bonneville est une très vieille dame, née des grandes Lois scolaires. Sise depuis 1887 au centre géographique du département, elle a accueilli de nombreuses générations d’élèves maîtres de Haute-Savoie, alors que les jeunes filles apprenaient leur métier d’institutrice à l’École normale de Rumilly.
Lointain reflet de l’aménagement intérieur d’origine, le foyer offre aux étudiants d’aujourd’hui un havre de paix. Ils aiment s’y retrouver. Le vénérable piano, les parquets anciens, les fenêtres ouvertes sur le parc séculaire, tout invite au délassement, aux échanges autour d’un verre, au travail partagé. On y entend chanter parfois.
À peine distingue-t-on, discrète au fond de la pièce, une plaque en marbre rose fondue dans le doux orangé du mur...

Mais voilà qu’un jour d’automne 2017, le doyen Paul Guichonnet nous recommande la lecture des Courriers de guerre et de paix d’un couple d’instituteurs pacifistes du département. Voilà que Jacques Encrenaz, ancien directeur de l’École normale, nous confie le Livre d’or du personnel de l’enseignement primaire de Haute-Savoie, mort pour la France durant la Grande guerre.
C’est le choc. 361 instituteurs du département ont été mobilisés, plus d’un par commune. 77 ont été tués, dont 16 normaliens. Nous retrouvons leurs visages. Ils sont là, sur le mur.
Dans le cadre de l’atelier « Apprendre avec le patrimoine », une douzaine d’étudiants partent sur les traces de ces anciens, à leur rencontre.
Ce sont les matériaux pour écrire leur histoire qu’ils vous livrent.
Au fil de leurs recherches, ils ont découvert combien ces instituteurs fréquemment affectés à des postes de commandement subalterne, avaient étés confrontés à la violence extrême, sous le feu avec leurs hommes. Ils ont réalisé combien le déploiement de l’éducation à la paix et aux méthodes actives avait été consécutif à l’ expérience de guerre.
L’un d’entre-eux m’écrit :
« Je regarde à chaque fois la plaque commémorative du foyer alors qu’auparavant je n’y prêtais pas attention. Le fait de mettre des visages sur cette plaque et une histoire bouleversante me permet de créer un lien avec elle. »
Pour ces professeurs stagiaires, la plaque est devenue, selon l’expression de l’historien François Hartog, « un jalon entre passé, présent et futur » de leur métier d’enseignant.
Nous remercions vivement Paul Guichonnet, Jacques Encrenaz et Jacques André Philippe. Par leurs encouragements et les sources qu’ils nous ont apportées, ils nous ont permis de vivre ce cycle d’histoire.
Toute notre reconnaissance va aux étudiants qui se sont fortement impliqués : Julie Bally, Clémence Bertrand, Vincent Bottex, Pierre-Marie Chaffotte, Margaux Chevillard, Maxime Fagot, Aurélie Gallois, Laure Trassart, Stanislas Martel, Delphine Parisot et Cindy Nicoud.
Nous remercions aussi Christophe Gilger, Marik Cosson et Sandrine Iund pour leurs conseils et leur assistance technique.
Enfin, nous saluons l’aide de Marie-Noëlle Jolivet et les efforts soutenus de Jean-Claude Marchal sans qui la Wifi ne serait pas parvenue au Foyer !
À lire
PHILIPPE Jacques André, Sa vie avait plus de poids que sa mort, Un couple d’instituteurs savoyards pacifistes, La Salévienne, Fédération des Oeuvres laïques de Haute-Savoie, 2017, 336 p.
SAINT-FUSCIEN Emmanuel, Célestin Freinet, Un pédagogue en guerres, 1914-1945, Éditions Perrin, Paris, 2017, 241 p.
- ABRY Claude-Marie
- ABRY Michel
- ALLÉGRET Maurice-Pierre
- AMOUDRUZ Edouard-Jules
- ANDOUARD René
- ANDRÉ Charles-Edouard
- ANDRÉ Paul-Fernand
- ANGELI Jean-François
- AUDIBERT Louis-François
- AUDIBERT Marcel-Alfred
- AUDIBERT Paul-Jean
- AUDIBERT Léon-Marius
- BERTHELIER Louis-Antonin
- BOILEAU Marius-Emile
- BORNAND Marius-Emile
- BOURGON Narcisse
- BOUVIER Émile
- BOUVIER Ernest-Louis
- BOUVIER Maurice-François
- BOUVIER Albert-Jean-François
- BOVAGNE Anatole-Léon
- BRACHET François-Marcel
- BRACHET Jean-Émile
- BURTIN Louis
- CARRIER-CARRIÉRON Jean-François
- CATTRINI Jean-Victor
- CHAPPAZ Jules-Cyrille
- CHARROT Firmin-Marius
- CHAVOUTIER Charles-Michel
- CHEVALIER Léon-Constant
- COISSARD Joseph-Marcel
- CONSTANTIN Jean-François
- DAGAND Francisque-Joseph
- DELALLÉE Marcellin
- DEVILLE Jules-Louis
- DOMENGE Claude-François-Maxime
- DOMENJOUD Charles-Marcel
- FALCONNET Alexis
- FAVRE Louis-Ambroise
- FONTAINE François-Joanny-Marcel
- FRANÇAIS Aristide-Appolinaire-Joseph-Fernand
- GAIMOLAT Jean-César
- GEORGES Henri
- GEX Gaspard-Joseph
- GIROD François-Émile
- GOURY Louis-Claudius
- GUILLAUME François-Maxime
- JOSSERON François-Joseph
- LELOUP Constant-Auguste
- MADALA Georges-Louis
- MARÉCHAL Jules-Marcel
- MARQUET César-Adolphe
- MARQUET Fernand-Joseph
- MÉTRAL Louis-Joseph
- MILLIET Maurice-Jean-Marie
- MOICHON Théophane-Pierre-Achille
- MONTMASSON Albert-Georges-François
- MORAND Pierre-Jean-François
- MUGNIER Émile-Marie
- PACCARD Léon
- PAGET François-Henri
- PASCHOUD Marie-Michel-Anthelme
- PERNET Fernand -Léon
- PHILIPPE Auguste-Antoine
- POLLIER Jean-Marie
- PRICAZ Louis-Auguste
- RIBIOLLET Gustave-François
- ROUPIOZ Fabien
- SANDRE Jean-Marie
- SIMOND Lucien
- SOUDAN Jean-Henri
- TERRIER Joseph-Eugène
- TISSOT Albert-Félix
- VELLUZ Marcel
- VETTIER Maurice
- VIGROUX Paul-Hilaire
- VUILLOUD Louis-Marie